samedi 22 octobre 2011

Humans vs. Zombies



L'autre jour au boulot, je vois un étudiant rentrer dans le café avec un bandana vert clair sur le bras, par dessus son sweat. Je me suis demandée pendant une demie seconde la raison de ce foulard. Mais puisque les gens sont bien libres de porter ce qu'ils veulent et que sur le campus on voit quand même des trucs bizarres et improbables (non promis je ne vais pas refaire un couplet sur les bas de survêt orange ou rose fluo que les filles portent en hiver), je suis retournée à mes petites affaires. 

Et puis quelques minutes plus tard, un autre étudiant est arrivé avec le même bandeau vert flashy autour du bras. Suivi d'un autre un peu plus tard, il portait aussi un énorme pistolet jouet en plastique... J'ai commencé à vraiment me demander ce que pouvait bien signifier ce bandana vert pensant qu'on devait le distribuer sur le campus pour manifester pour une cause quelconque... Enfin, je suis partie en pause déjeuner j'ai attrapé le journal de la fac pour le lire et j'ai finalement compris. 

En fait OSU est l'hôte toute la semaine du jeu Humans vs. Zombies et les bandeaux verts distinguent les participants des étudiants ordinaires. En fait le foulard devait être orange mais comme le orange est la couleur officielle d'OSU, trop de gens portent des casquettes ou bandanas oranges au quotidien. Les organisateurs ont du trouver une autre couleur pour que de simples étudiants ne soient pas pris au milieu de la guerre entre humains et zombies.

Parce que le but de l'opération est de savoir si on peut être capable de survivre à un attaque massive de zombies. Je vous explique vite fait. Au début du jeu, il n'y a que des humains et un zombie appelé zombie zéro. Son but est d'infecter les humains et de créer un armée plus nombreuse à la fin du jeu. Les humains survivants essaient donc d'échapper aux attaques de zombies et de rester "vivants" jusqu'à la fin. Pour se défendre ils peuvent utiliser les fameux pistolets lanceurs de cibles en mousse ou des chaussettes. Les zombies eux doivent infecter les humains à intervalles réguliers sinon ils meurent et doivent quitter le jeu. Petit détail marrant, quand un humain est infecté il reste humain pendant 45 minutes avant de devenir un zombie (comme dans les films !). 

Les zombies portent leur bandeau sur le front, les humains sur le bras. Le jeu se déroule jusqu'à dimanche uniquement sur le campus et en dehors des bâtiments scolaires pour éviter les embûches et les courses poursuites dans les couloirs. Il y a un site qui récapitule toutes règles et qui tient une liste mise à jour régulièrement de tous les joueurs et de leur statut. A OSU, il y a actuellement, 433 humains, 298 zombies et 44 "morts". Apparemment il y a un système de missions mais je ne suis pas allée voir ce que c'était. 

Pour ceux que ça intéresse, je rajoute les liens vers les sites du jeu et le forum qui va avec. Les gens postent des photos des flyers de l’évènement et vous pouvez aussi voir des joueurs en pleine action : le site, le wiki et le forum !



Une fois au courant de ses détails, j'ai fait un peu plus attention en parcourant le campus et on peut voir des groupes d'humains armés jusqu'aux dents se déplacer en groupe sur le campus et parler stratégie pour éliminer les zombies, pendant que leurs ennemis les attendent seuls le plus souvent (ou en groupes plus restreints) derrière les buissons pour leur sauter dessus. Les uns sont vigilants, les autres cachés. Ça met une joyeuse ambiance, c'est le moins qu'on puisse dire. Donc voilà ce n'est pas très intéressant mais ça change des cours de danse dans la BU ou des distributions de Redbull devant le Student Union.

Halloween arrive et ça se voit ! A très vite ! 

dimanche 9 octobre 2011

Un samedi ordinaire à Stillwater

Cela devait être un samedi classique à Stillwater, sans voyage, sans sortie, sans rien de bien excitant à se mettre sous la dent. Bon, il ne s'est pas passé grand chose de particulier mais je profite de l'occasion pour vous faire partager une activité typique des villes étudiantes américaines : les journées de rencontres footabalistiques. On peut extrapoler à toute l'Amérique en remplaçant la ligue étudiante par la NFL mais ce sera pour une autre fois.



Hier donc c'était journée football et je n'avais pas spécialement prévu de bouleverser mes habitudes : à savoir suivre les résultats de loin et me réjouir en cas de victoire d'OSU. C'était sans compter Ann et la mère de Chase qui vendredi m'invitèrent à regarder le match OU/Texas au restaurant Buffalo Wild Wings. Pour ceux qui auraient un train de retard, OU c'est l'équipe de Oklahoma University. Ce sont, en quelque sorte, les rivaux d'OSU et Texas, ben ce sont les Texas Longhorns, une des nombreuses équipes de football en provenance de l'état célèbre pour son industrie pétrolière. Ce sont donc des idiots. Ann est diplômée d'OU, elle est venue me chercher en portant un t-shirt aux couleurs de son équipe ce qui lui a valu des regards bizarres quand elle est rentrée dans le restaurant au milieu de la marée de t-shirts oranges présents. 




Buffalo est un restaurant qui diffuse en permanence les matches et rencontres de football, basket, hockey, ou encore baseball. C'est d'ailleurs là que j'avais vu, quelques semaines auparavant, Tsonga perdre contre Federer à l'US Open. Dans les deux salles de l'établissement pas moins de 40 écrans normaux et 6 écrans géants suivent les rencontres. En ce samedi matin, on alterne entre poker, chasse et football. Finalement à 11h, dans une salle bondée, c'était le match d'OU contre Texas qui monopolisait les écrans géants. On vient donc s'asseoir pour regarder le match en buvant des bières, mangeant des ailes de poulet assaisonnées et des cornichons fris. Et comme souvent les matches durent plus de trois heures, on a largement le temps de se remplir la panse. 




C'est donc un endroit très sympa pour voir les matches entre amis si on a pas de billets même si on n'aime pas spécialement le foot. On rigole et on s'extasie. Il y a beaucoup d'ambiance et on ne s'ennuie. OU a détruit Texas 55 à 17. Ann était donc ravie. Surtout que OU allait pouvoir récupérer sa place de numéro un dans la ligue et qu'ils ont magnifiquement joué (oui même si je n'y connais rien et que je dois supporter OSU, je reconnais sans honte qu'OU est vraiment très fort) . 



Le match d'OSU qui avait lieu à Stillwater (c'était donc un joyeux bordel dans les rues hier et avant-hier) devait commencer à 15 heures. On voulait rester pour le regarder mais la serveuse nous apprend que le match, qui a lieu à 500 m de l'endroit où nous nous trouvons, ne sera pas télévisé. On ne verra donc pas OSU atomiser Kansas 70 à 28 ! Déçues, nous sommes donc parties faire du shopping à la place (on se console comme on peut). Pour la petite histoire, OSU est 6ème au classement (ce qui en dit long sur la qualité des équipes d'Oklahoma !). OU et OSU sont toutes les deux invaincues pour le moment. Cela promet un beau match OSU/OU le 6 décembre. En plus, il aura lieu à Stillwater. 

Photo: 

Justin Blackmon un des meilleurs joueurs de l'équipe : 


Sinon j'avais dit que OU était un rival d'OSU mais il faut savoir que les gens ici aiment encore moins le Texas, les Longhorns se sont donc faits copieusement huer tout le long du match. La semaine prochaine OSU se déplace au Missouri. Si ça vous intéresse vous pouvez toujours aller voir sur le site officiel des Cowboys : http://www.okstate.com/sports/m-footbl/okst-m-footbl-body.html

Sinon si vous voulez voir plus de photos du match OSU/Kansas, il y en a de très belles ici : http://www.kansan.com/photos/galleries/2011/oct/08/kansas-vs-oklahoma-state-university/

Et si vraiment le football américain ne vous intéresse pas je ferai mieux la prochaine fois ! A très vite !

lundi 3 octobre 2011

Arkansas - Part IV - Escale matinale à Jasper

Histoire de finir en beauté le week-end avant de rentrer à Stillwater, Katy, John, Chase et moi allons prendre le petit déjeuner à Jasper, toujours au Ozark Café. Et comme nous roulons vers le restaurant, nous nous retrouvons à nouveau plongé dans le brouillard. La boucle est bouclée. Encore un aperçu des étrangetés de l'Arkansas dont la maison avec les croix sudistes incrustées dans la façade et les motos pendues dans les arbres. En parlant du temps, les compétiteurs ont eu vraiment de la chance. Il a fait soleil vendredi toute la journée et la nuit a été calme mais depuis samedi matin, il fait de plus en plus mauvais. On a évité la pluie et c'est bien le principal. 



Creepy !


A Jasper, petit déjeuner à l'endroit habituel donc. La majorité des clients vient de Horseshoe. On les reconnait aux bracelets qu'ils portent : les mêmes que les nôtres (rouge pour les grimpeurs, vert pour les feignasses) et aux vêtements qu'ils portent aussi. C'est un défilé vivant pour Patagonia, The North Face et Marmot. On déguste nos omelettes dans une salle remplie du sol au plafond de bric-à-brac en buvant du vrai café américain (oui le café tiédasse et pas fort du tout) dans une tasse qu'on nous remplit gratuitement chaque fois qu'on en vide la moitié. Ce qui pour moi voulait dire très souvent vu que je bois mon café très vite (enfin tant qu'il est encore "chaud") alors que les américains pas du tout. En général, ils sont impressionnés par la vitesse avec laquelle je descends mon café. Sur le campus, je vois TOUS LES JOURS des gens qui se promènent avec leurs gobelets qu'ils mettent trois heures à boire (littéralement trois heures). J'ose même pas imaginer à quel point il doit être horrible le café après tout ce temps. 




Finalement, après le petit déjeuner (j'ai ramené un mug du restaurant je suis contente), on est allé flâner dans une boutique de la ville. Bon, en fait, on est allé dans la boutique de la ville vu que Jasper c'est quand même tout petit. Mais je l'aime bien cette ville, moi. C'est calme et typique. La boutique en question s'appelle "Emma's Museum of Junk" et c'est une sorte de magasin d'antiquités croisé avec un bazar. On trouve de tout (de la vaisselle, des livres, des cassettes vidéos, des jouets, des outils, des trucs qui rouillent...) pour pas cher. C'est en vrac, complètement kitch et absolument charmant. Le plus insolite c'est sans doute la (grande) collection de cartes postales du monde entier qu'on peut acheter pour 25 cents. Ce sont de vieilles cartes postales, la plupart ont été envoyées à des gens et on se demande bien comment elles ont pu arriver jusqu'à Jasper, Arkansas. Par exemple, cette carte postale de Tours écrite en français envoyée dans les années 30, comment a-t-elle pu trouver son chemin jusqu'au magasin d'Emma? D'ailleurs si vous cherchez de vieilles photos de Tours et Blois, allez donc faire un tour à dans cette boutique, ils en ont au moins 1000 !







C'est là que j'ai trouvé mon troisième souvenir : un raptor en plastique à $1. Oui ça semble un peu con. Mais ce n'est pas n'importe quel dinosaure en plastique : déjà parce que c'est un raptor Jurassic Park et puis parce que c'est le même que celui qui fait partie de la collection (des restes de la collection devrais-je dire) de dinosaures que Baptiste avait depuis qu'il était en âge de pouvoir comprendre ce qu'est un dinosaure.



C'est donc un dinosaure nostalgie (mais pas tant que ça puisque sa copie est toujours chez ma grand-mère) mais le vrai plus est qu'il marche toujours. Quand on tire sur ces pattes arrières il pousse un long cri bizarre. Un jouet fantastique donc (et ses dents à lit ne se décollent pas au moins) ! Je suis bien contente de l'avoir trouvé et il trône fièrement sur ma table de nuit accroché à ma lampe de chevet (voilà vous savez tout). 

Après ces maigres mais capitales emplettes nous avons vraiment du prendre le chemin du retour. En écoutant le match de football à la radio bien entendu. Dimanche oblige... et c'est toute déprimée que je suis retournée en cours le lendemain matin.

C'est tout pour l'Arkansas et Horseshoe Hell. A très vite !   

Horseshoe Hell - Part III

Après la compétition c'était donc repos mais pour trois heures seulement parce que le week-end n'était pas encore fini. Et il est dur et brutal le réveil ! Mais il faut se lever : les activités reprennent en grande pompe à 16h avec la remise des prix. C'est donc avec la tête enfarinée qu'on se rend dans l'étable qui sert de salle de réception pour les résultats. Les trois premiers de chaque catégorie sont récompensés et sont invités à choisir un cadeau parmi la pile étalée devant eux. Il y a de tout : des crash-pads, des bons pour des chaussures d'escalade, un lot de cams et de coinceurs (qui d'après Chase doit valoir au moins 500 euros), des baudriers... Et comme il y a beaucoup de cadeaux, l'organisateur de la compétition finit par récompenser tout et n'importe quoi (le meilleur costume, ceux qui ont participé à toutes les éditions, ceux qui se sont fait coupés les cheveux au ranch avant la compétition). 


Tous assis pendant la remise des prix

Pour être sûr que tout le monde était bien réveillé avant la remise des prix, les sponsors ont lancé dans la salle, devenue foire à l'empoigne pour la circonstance, des trucs gratuits (des t-shirts, des casquettes, des décorations de plaques d'immatriculation...). J'ai failli mourir à cause d'une américaine trop excitée et d'une boite au contenu indéfini (j'espère que ça valait le coup de me tomber dessus idiote !). Pour la petite histoire, la grimpeuse de 57 ans a remporté la catégorie supérieure chez les femmes. Elle a grimpé 108 voies en 24 heures (tout comme son mari) ! Sans surprise, les équipes de professionnels ont, chez les hommes comme chez les femmes, engrangé le plus de points. Chase et John ont fini loin derrière mais ils ont tenu 24heures : ils ont donc droit à un trophée fer à cheval. Et c'est le principal puisque c'est pour ça qu'ils sont venus.  

La cérémonie s'achève rapidement et heureusement parce qu'il fait trop chaud dans cette foutue grange. A 17h c'est le repas. C'est peut-être un peu tôt pour nos standards mais on a tous très faim : deux morceaux de pizzas en 24 heures, ça ne nourrit pas vraiment. On fait donc la queue avec nos bols et nos verres pour notre ration des 50 kgs de pâtes cuisinées à cette occasion et de la bière gratuite.

En jaune le bol réutilisable (et pliable) Patagonia



Puisqu'on parle de bols et de verres, il faut savoir que cette année les organisateurs ont interdit à tous les participants et spectateurs d'amener des ustensiles non réutilisables : ils ont donc fourni à tout le monde des bols Patagonia, des verres de camping et des serviettes lavables, histoire de minimiser l'impact de la compétition sur le ranch ! Ils ont même fourni les fourchettes ! Une initiative sympathique qui a été suivie par tous.

Ensuite à 19h30, c'est l'heure des vidéos et des photos. On visionne des vidéos d'escalade avec des blagues spéciales pour grimpeurs. On regarde les photos des années précédentes et celles prises cette années durant la compétition. Les photos de nuit prises par le photographe professionnel sont très réussies. On somnole un peu parce qu'il fait toujours aussi chaud dans l'étable et qu'on est tous très fatigué. Mais la soirée n'est pas encore finie : en effet il y a encore le concours de bras de fer pour gagner environ $1000 d'équipement d'escalade. Impossible de vous dire qui a gagné le concours.

Concours de bras de fer 



D'abord parce qu'on ne voyait rien à cause de l'amas de gens qui se compressaient autour des participants. Et puis parce que le concours s'éternisait, nous sommes donc allés près des voitures pour boire et discuter. La soirée au ranch s'est terminée par une grande fête (enfin grande peut-être pas mais on ne va pas chipoter) mais à 23heures, notre petit groupe était out et on est tous partis se coucher. 

John et Katy dans leur lit à l'arrière de leur voiture monstrueuse



Ainsi s'achèvent vraiment les 24 Hrs of Horseshoe Hell édition 2011. A noter qu'un des sponsors Black Diamond donnait la possibilité de louer pour la durée de la compétition des lampes frontales (lampe portée par Chase sur la photo précédente) ou des lanternes. Ensuite si les grimpeurs voulaient les acheter à l'issue de la journée, les produits étaient à -50%, ce qui est vraiment très intéressant. Pour ma part, n'ayant pas vraiment l'utilité d'une lampe frontale pour le moment - même si j'ai découvert la joie d'éblouir tout le monde avec une lampe super forte et qui ne veut pas s'éteindre (obligée de la cacher sous ma veste pour ne pas aveugler mes amis en permanence), j'ai ramené un t-shirt (ça me donne l'illusion d'avoir participé). En tout cas, je me suis beaucoup amusée mais c'est vraiment vraiment super frustrant de ne pas pouvoir escalader et de regarder les gens grimper toute la journée (j'ai un peu revu mon jugement vers 4h du mat cependant) ! 

La prochaine fois, une dernière escale à Jasper avant de mettre les voiles ! A très vite !

dimanche 2 octobre 2011

Horseshoe Hell - Part II - La compétition



Il fait un temps splendide et nous y voilà : Horseshoe Hell la compétition ! Nous sommes debout à 8 heures en ce vendredi matin pour nous préparer avant le rendez-vous de 9h durant lequel toutes les équipes se rassemblent autour de l'organisateur de l'évènement pour un rappel des règles et des informations de dernière minute. Il règne une grande agitation : tout le monde est très excité. Dans la bonne humeur, on remplit des tonnes de bouteilles d'eau. On fait la queue aux toilettes. Certaines équipes sont déguisées : tout le monde a hâte de commencer. Mais, puisque je devine que Horseshoe Hell ne vous parle pas beaucoup, je vais essayer de vous expliquer rapidement en quoi ça consiste.




La compétition dure donc 24h : du vendredi à 10h du matin au samedi 10h. Durant les 24h, une centaine d'équipes de deux grimpeurs vont donc s'affronter pour engranger le plus de points possibles. Il y a plusieurs catégories en fonction du niveau des compétiteurs (tout le monde n'est pas Chris Sharma) : "loisir", "intermédiaire", "supérieur" et "élite". La catégorie "élite" est en général composée de grimpeurs professionnels (cette année un équipe Peztl pour les hommes et deux filles de chez Patagonia pour les femmes). Chaque catégorie est autorisée à grimper une certaine fourchette de voies, en accord avec le niveau du grimpeur, sachant que chaque catégorie est autorisé à grimper les voies de la (ou des) catégorie(s) inférieure(s) mais pas l'inverse. Ainsi, tout le monde peut grimper une 5.5 mais seuls les grimpeurs "supérieurs" peuvent tenter les 5.11. Évidemment, plus une voie est difficile plus elle rapporte de points. Par exemple une voie 5.6 rapporte 60 points par ascension alors qu'une voie notée 5.10 b en rapporte 160. Et ainsi de suite. Tous les points sont ajoutés à la fin de la journée et on détermine une équipe et un grimpeur individuel vainqueurs pour chaque catégorie.

De plus, chaque grimpeur ne peut escalader une même voie que deux fois. Pour éviter les équipes qui squattent des heures sur des voies faciles à deux heures du mat. Chaque ascension doit se faire en tête (les grimpeurs placent les dégaines) et sans chute. Si chute il y a, le grimpeur doit repartir du début (mais il n'a pas besoin de placer à nouveau les dégaines en dessous de son point de chute) pour que la personne réussisse une ascension "clean". Typiquement (traduire la tactique de John et Chase), un des deux membres de l'équipe commence, une fois l'ascension terminée il tire la corde et l'autre membre commence l'escalade de la voie puis l'équipe enchaîne une seconde série avant de changer de voie. Le système marche plutôt bien. Enfin, l'organisation a placé au pied de chaque voie des mousquetons que la première équipe met en place et qui seront laissés sur place pour toute la durée de la compétition. Cela évite à chaque équipe de perdre du temps et de l'énergie à "nettoyer" la voie après son passage. 

Voilà, je crois que j'ai tout résumé. Je compléterai par la suite si j'ai oublié des détails mais le plus important est là. A 9h, donc, l'organisateur du Horseshoe Hell répète une dernière fois les règles, appelle une à une toutes les équipes pour leur donner leurs feuilles de score et fait prêter serment à tous les compétiteurs. Chaque grimpeur fait face à son partenaire, main droite levée, et répète un serment un peu absurde avant de se lancer dans l'aventure.

Extraits du serment de cette année

"Partner
Look deep into my eyes, 
Past the enigma that is me, 
And what do you see?
It's a honey badger
Honey badger don't care
Honey badger wants to win"

"Partner
I'm going to beat your individual score
Get over it, and belay me."

"Partner
We are a family
You're my brother
You're my sister
You're my uncle
And because we're in Arkansas, you're all those things
And still my lover"

Bref, tout cela est très bon enfant ! A la fin du serment, toutes les équipes lancent un grand cri et six coups tirés au fusil annoncent le début de la compétition. Alors, toutes les équipes prennent le large et se dirigent en vitesse vers les premières voies. C'est parti pour 24h d'escalade !






Certains ont des stratégies finement mises au point, d'autres y vont à l'arrache : chacun sa technique. John et Chase ont quelques idées en tête mais sachant qu'ils ne vont pas gagner, ils ne se prennent pas le chou et avancent à leur rythme. De mon côté, je les suis portant le guide et les feuilles de score que je vais devoir remplir tout au long de la journée : il faut noter le nom de la voie, son numéro, sa difficulté et le nombre d'ascension (1 ou 2 donc) et ce pour chaque membre de l'équipe. Ma seule tâche des 24h (mais grâce à laquelle je me sens utile).


Le guide avec toutes les voies à reporter

La feuille de score

Deux heures dans la compétition !




Toutes les heures, à l'heure pile, un grand cri résonne dans tout le ranch : toutes les équipes sonnent l'heure qui vient de s'écouler et signalent qu'elles sont toujours en vie. Le début de la journée passe assez vite. Il fait un temps radieux. Le coin où Chase et John passent les huit premières heures n'est pas trop fréquenté. Tous les deux sont en forme et énergétiques. Le rythme est soutenu (près de trois voies différentes par heure soit 6 ascensions par personne). On commente les autres équipes, on compare ses performances avec les années précédentes (c'est la 6ème édition de la compétition et la 4ème pour Chase et John) et on avale des tonnes de barres énergétiques. 







Six heures de compétition !







La voie la plus dure du ranch 1/2

La voie la plus dure du ranch 2/2 : Le Prophète

Le temps passe. Vers 18h30 alors que nous nous trouvons au Prophecy Wall (là où se trouvent la voie la plus difficile du ranch - voire même d'Arkansas - 5.14 !) pour une petite voie facile, Katy la fiancée de John (qui travaillait la nuit précédente) nous rejoint avec des pizzas achetées en passant à Jasper. Pause "déjeuner" pour tout le monde. John et Chase ont (et vont) passé leur journée à manger des gels énergisants aromatisés à la fraise ou au chocolat/cerise (aussi bizarre que ça puisse paraître ce n'est pas si dégueu que ça, c'est même plutôt bon). Ils sont donc bien contents d'avoir quelque chose de consistant à se mettre sous la dent. De mon côté, j'avais grignoté deux barres chocolatées, je n'étais pas mécontente non plus. Attiré par les odeurs de pizza, un des énormes chiens qui gardent les chèvres du ranch nous rejoint.















Et la nuit commence à tomber. Commence alors la partie la plus intéressante et la plus bizarre de la compétition. Les lampes frontales fleurissent soudain comme des pâquerettes. Et c'est à leur seule lumière que les participants vont grimper (ou s'éblouir les uns les autres parce que c'est puissant ces saloperies) durant toute la nuit. 

A part ça, l'arrivée de l'obscurité ne change rien au rythme d'escalade. Il est encore tôt et tout le monde ou presque est encore remonté comme une pendule. Vers 22h, nous quittons le Titanic Boulder pour North Forty. Si jusqu'à présent nous avions été plutôt seuls et n'avions presque croisé personne durant toute la journée, North Forty nous ramène bien vite à la réalité. En effet, cette partie du ranch concentrant une grande quantité de voies, les quasi-totalité des équipes se retrouve à cet endroit au même moment (c'est là où quelques semaines plus tôt je m'étais retrouvée à faire de l'escalade). On découvre soudainement le monde merveilleux des queues avant de pouvoir grimper une voie. Système qui se gère super bien et qui sera même salutaire (mais j'y reviendrai). 

Ceci est une vraie photo !


C'est presque surréaliste de se balader au milieu de tous ces gens en pleine forme qui se trimballent des kilomètres de cordage. A 22h (douze heures après le début de la compétition), c'est check-in obligatoire pour toutes les équipes, histoire pour les organisateurs de vérifier que tout le monde va bien et de commencer à comptabiliser les points. Les feuilles de score sont récupérées et de nouvelles sont fournies. Les équipes de volontaires arpentent les sentiers proposant du café et des snacks aux participants. John et Chase retrouvent des amis de Stillwater et nous faisons route commune pendant quelques heures. John est toujours plein d'entrain et va même escalader une 5.11 à 1h30 du mat ! Le temps passe plus lentement mais finalement, sans trop de mal, deux heures du mat sonnent.

C'est véritablement à ce moment-là de la compétition que ça devient le plus difficile. Pour tout le monde : pour les grimpeurs parce que ça fait 14 heures qu'ils enchaînent des voies sans arrêt et pour les spectateurs parce que rester assis sans rien faire ça n'aide pas le temps à passer plus vite. Mais surtout pour tout le monde il reste encore 10 heures à tenir : la journée est loin d'être finie. D'ailleurs beaucoup abandonnent. Vers deux heures, les spectateurs ne sont plus très nombreux. A trois heures, Chase a un coup de barre tandis que Nick et Kevin arrêtent la compétition et partent se coucher. Mais, tous les quatre nous tenons le coup. 





Chase fait une micro sieste pendant que John va chercher un coca dans sa voiture. Katy et moi empilons des pulls pour rester au chaud. Finalement, John revient de sa voiture avec une couverture ! L'aventure continue. Le rythme se ralentit nettement : John et Chase ne font plus que deux ascensions (soit une voie) chacun par heure et les voies escaladées sont de plus en plus faciles mais pas question de s'arrêter le but est de tenir jusqu'au bout ! Une chance que nous soyons à l'endroit où il y a le plus de monde : Chase et John peuvent profiter des files d'attente (vu que tout le monde veut faire des trucs faciles à cette heure de la nuit) pour se reposer sans culpabiliser et moi toute cette agitation ça me tient éveillée. Comme je l'ai dit plus haut : on se croirait presque dans un autre monde, on plaisante, on croise des gens encore réveillés, d'autres qui le sont beaucoup moins, des bénévoles motivés, des qui roupillent, des gens qui sont toujours costumés et des fous qui poursuivent leur plan même s'ils sont crevés.




Arrive ensuite le check-in de 4h du mat. Autre vérification de la part de l'orga pour s'assurer que tout le monde est vivant. Encore 6 heures à tenir. C'est un calvaire. On n'a plus tout à fait les idées très claires, alors on fait des photos et des vidéos pour passer le temps. Parce que le temps passe quand même finalement, même on regarde sa montre de plus en plus souvent (Chase et John ont du me demander 200 fois l'heure entre 4 et 9). De plus on sait que le soleil va, à un moment ou à un autre, se lever et que cela va faire du bien. A 6h du mat, on bouge pour la dernière fois. Mine de rien, ça sent la fin !

Le jour se lève !



Katy roupille.



Direction le Kindergarten Wall pour les voies faciles de fin de journée. C'est là que tous les quatre, assis en ligne, les jambes sous la couverture, nous allons passer nos dernières heures en révassant aux lits qui nous attendent dans les voitures. A un moment donné, pendant 5 minutes (les seules 5 minutes durant lesquelles j'ai fermé les yeux), nous étions tous les quatre endormis en ligne. Il était 7h30 et le temps semblait tourner au ralentit. John et Chase décident de terminer par des voies "trad" comprendre des voies où les points d'ancrage ne sont pas fixés. C'est au grimpeur de placer lui-même ses dégaines dans la roche. Alors, en l'occurrence, il s'agissait de voies ridiculement faciles (tout le monde les grimpait sans prendre le temps de changer ses chaussures et faisait des blagues sur la "difficulté" des voies) mais ça peut être très dangereux surtout si les coinceurs sont mal placés (une chute peuvent les faire céder) ! Apparemment là il n'y avait même pas besoin de placer des coinceurs mais cela faisait partie des règles de la compétition. Chase et John se sont donc beaucoup amusés pour ses dernières ascensions (et moi aussi d'ailleurs).



Peu avant la toute dernière ascension de la journée alors que 9h résonne dans le ranch : nous croisons un couple de grimpeurs. Il a 64 ans, elle en a 57 et c'est leur 100ème voie de la compétition (et que des 5.9 et 5.10) s'il vous plaît ! Impressionnant ! 






La journée est presque finie ! 


Nous, nous sommes tous épuisés et nous attendons 9h avec impatience. Parce que 9h, ça veut dire la dernière ascension des garçons, ça veut dire que nous allons rendre les feuilles de score et que nous allons pouvoir nous coucher. L'heure entre 8 et 9 est la plus longue de ma vie (enfin peut-être les heures de physique avec La Fouine étaient pas mal aussi dans le genre)... Mais finalement la délivrance arrive. 

John et Chase finissent leur voie, retournent à l'accueil du ranch et vont rendre leur feuille. On trinque tous avec une bière presque fraîche (ben quoi?) en attendant le coup de feu de 9h45. Nick et Kevin (qui viennent de se lever) viennent nous faire coucou. Toutes les équipes reviennent en courant au stand de l'orga. Ça y est : nous sommes samedi 24 septembre, il est 10h du mat et la compétition est terminée.






J'ai la tête dans la pâté mais grâce aux 10 couches de vêtements, je suis restée au chaud toute la nuit. Je ne me suis pas ennuyée non plus (ayant toujours un truc à regarder) bref je me suis bien amusée. John, Katy et Chase sont aussi épuisés mais tout le monde est content (surtout les garçons) : nous avons réussi ! Nous avons tenu toute la journée ! Maintenant au lit et vite !

A très vite !